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La croissance et le succès du commerce de la fourrure dépendent des hommes et des femmes des Premières nations et de la nation métisse, alors que la concurrence entre la CBH et la Compagnie du Nord Ouest ouvre la porte à une nouvelle ère.


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Author: John Bartleman
Title: Winter Inspection Trip in Keewatin District, 1921
Publisher: The Beaver / Canada's National History Society
Year Published: 1921
Location: The Beaver Index - June 1921, p.27-29
Copyright Holder: The Beaver / Canada's National History Society
  B13 - Un voyage d’inspection hivernal

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Un voyage d’inspection hivernal dans le district de Keewatin, en 1921

En traîneau à chiens de Norway House à Little Grand Rapids, le voyage par la rivière Berens et Deer Lake est pour le commerçant de fourrure comme une promenade le long de la rue principale pour l’homme de la ville. Legend : Poste de Little Grand Rapids.

Chaque homme de la CBH comprendra à quel point il est difficile pour une personne qui a visité tous les postes de traite de la Compagnie en Alberta et au Manitoba, ainsi que quelques uns en Colombie Britannique, en Saskatchewan et en Ontario, d’écrire un article ou une description d’un voyage d’inspection.

Pour le commerçant de fourrure, tous les voyages en traîneaux à chiens se ressemblent. Ce n’est ni une aventure, ni une entreprise romanesque, mais un travail, sa tâche quotidienne.

La majorité des gens s’en font sans doute une idée toute différente; mais que diraient ils s’ils devaient décrire une promenade le long de la rue Main ou de l’avenue Portage à Winnipeg?

Les hommes de la CBH sont souvent confrontés à des tâches qu’ils préféreraient éviter, mais notre formation, dès notre apprentissage comme commis produit son effet : ce que l’on attend de nous doit être fait.

Je vous écris donc assis sur le sol de ma tente, à un jour de voyage du poste de Little Grand Rapids, au Manitoba. Je suis encore à deux jours du poste de Deer Lake, en Ontario.

Alors que je me réchauffe les pieds et que je regarde fondre le bannock devant le feu, j’ai décidé d’écrire un article pour The Beaver au cours d’un voyage d’inspection de la dernière partie du district de Keewatin, à l’est du lac Winnipeg.

J’ai quitté Winnipeg en train le lundi 24 janvier. Après quelques heures de voyage, j’arrive au vieux village de pêche islandais, maintenant connu sous le nom de Riverton, situé à environ 60 milles de Winnipeg, sur la côte ouest du lac Winnipeg. Deux équipes de chiens et un traîneau m’y attendent, tel que prévu.

Pour ceux qui ne sont pas habitués aux voyages en traîneau à chien, une équipe comprend cinq chiens et un conducteur, ainsi qu’un « éclaireur ». La fonction de l’éclaireur est de voyager devant les chiens pour tracer le sentier. Il doit également couper avec une hache les arbres qui sont tombés et bloquent le passage.

Le mardi matin, hommes et chiens sont prêts à partir. C’est la première fois que je vois le visage des hommes en plein jour, et il apparaît évident qu’ils ont été confrontés à un climat très rude au cours de leur voyage de onze jours depuis Norway House.

Ils m’expliquent qu’ils sont demeurés prisonniers de la tempête sur le lac pendant quatre jours; leurs joues et leurs nez témoignent bien de la véracité de cette affirmation.

Les chiens jappent et tirent sur leur harnais, ils sont prêts à partir. Après avoir serré la main de quelques-unes de mes connaissances, nous partons. Le thermomètre indique -33 et un léger vent du nord souffle, suffisamment pour nous donner l’impression que des couteaux nous transpercent le visage.

Le sentier est mauvais. Le vent a soufflé la neige et le sentier est recouvert d’une épaisse couche de neige.

Vers le milieu de la journée, nous arrivons au camp Darsay, et nous y prenons un repas d’orignal.

Nous repartons, et traversons le lac. Le soir venu, nous campons à la pointe Ramsay. On y trouve une cabane tenue par un Métis, malheureusement pour nous, la cabane est remplie de pêcheurs arrivant de Riverton après leur hiver passé sur le lac. Douze d’entre nous dorment sur le sol pour la nuit. La cabane mesure environ 12 par 14 pieds.

Nous avons parcouru au cours de cette première journée environ 35 milles.

Avant le lever du jour, nous repartons. La température est plus douce et la route meilleure. Cependant, le vent a soufflé la neige et formé une couche de glace et les chiens ont de la difficulté à avancer et à prendre de la vitesse.

Le soir, nous avons parcouru 45 milles et sommes arrivés à ce que l’on appelle communément le camp de Jockie McLennan. Nous nous y installons pour la nuit.

Le matin, nous partons à 5 h 30. Un vent froid du nord nous souffle en plein visage et en nous éloignant, nous jetons un coup d’œil sur le dernier campement, à l’exception des postes de la CBH encore à plusieurs jours de distance, que nous verrons jusqu’à notre retour à ce même endroit dans environ cinq semaines.

Les oreilles bien camouflées par un bonnet de fourrure et nos moufles de peau d’orignal bien remontées, nous continuons notre chemin sur la glace du lac Winnipeg jusqu’au lever du jour, vers 8 h.

Nous nous approchons des rives et prenons notre déjeuner. Le bois sec est très rare sur les berges du lac Winnipeg, une rareté plus particulièrement éprouvante pour l’homme habitué au confort de la vie intérieure. Cependant, nous parvenons à recueillir suffisamment de bois pour faire un feu de douze pieds.

Le déjeuner, comme tous les autres repas, est composé de plusieurs tranches de bacon et d’un morceau de bannock que l’on fait fondre pendant tout le temps dont on dispose, et je dois dire que ce n’est jamais suffisant pour que le morceau dégèle en entier.

Après une heure de repos pour les hommes et les chiens, nous repartons, les chiens sont ralentis par la glace. Nous poursuivons cependant notre chemin et à 17 h, au moment où la noirceur s’installe, on aperçoit le poste de la rivière Berens au loin.

Legend : Installations du poste de la CBH à la rivière Berens.

Il y a toujours une certaine fébrilité aux postes de la CBH à l’arrivée d’un inspecteur ou d’un directeur de district, car ces derniers sont toujours très sensibles aux critiques qui pourraient être formulées à l’égard de leur poste.

Le directeur, M. F.A. Disbrowe, est un vieux de la vieille qui compte déjà 18 années de service à ce poste.

Après avoir passé trois ou quatre jours à la rivière Berens, nous nous préparons à partir tôt le lendemain matin. C’est maintenant que débute le véritable voyage à l’intérieur des terres. Il faut prévoir du poisson pour dix chiens pendant trois jours et également de la nourriture pour les hommes.

En route, on donne aux chiens deux poissons le soir et un petit morceau de poisson chacun deux fois pendant la journée, comme collation. À 8 h, les chiens sont harnachés, le poisson, la nourriture et la literie sont chargés sur les traîneaux et nous serrons la main aux employés du poste et repartons, en route vers le prochain poste, Little Grand Rapids, situé à la frontière de l’Ontario.

La distance quotidienne parcourue est d’environ 35 milles par jour.

Nous faisons face à une épaisse couche de neige. En raison des chutes de neige récentes, notre éclaireur enfonce jusqu’aux genoux, malgré qu’il porte des raquettes, comme tous les autres hommes de l’équipe.

Nous voyageons de 5 h à 16 h 30 ou 17 h 30, ou jusqu’à ce que la noirceur arrive. La nuit, nous utilisons des branches d’épinette pour couvrir le sol. La bâche sert à couper le vent et un immense feu est allumé. Pour nous couvrir, nous utilisons les couvertures de la Baie d’Hudson ou une robe de chambre d’Alaska, dont la moitié est pliée sous le voyageur fatigué, et l’autre moitié sert à le recouvrir.

Bien avant le lever du jour, l’éclaireur rallume le feu et aussitôt, toute l’équipe se lève. Nous prenons une tasse de thé et un morceau de bannock et préparons tout notre bagage pour repartir. Après quelques heures de route, au lever du soleil, nous faisons une pause pour le déjeuner.

Nous poursuivons ensuite notre route pendant quatre heures, et mettons la bouilloire sur le feu. Nous faisons la rencontre d’une bande d’Indiens qui retournent à leur village après avoir visité leurs trappes, et bien sûr, ils se joignent à nous pour le repas.

Ils nous disent qu’ils ont tué un orignal sur le sentier et que nous pouvons nous servir si nous passons devant. Le lendemain, nous arrivons à la cache de viande d’orignal que les Indiens ont soigneusement pendue à un arbre, hors de la portée des loups, et nous en prenons environ quinze livres.

C’est le maximum que nous pouvons emporter, puisque le poids est une considération fort importante lorsque l’on voyage avec des chiens. Après trois longues journées de voyage, nous arrivons au poste de Little Grand Rapids.

Les vieux employés de la Baie d’Hudson sentent toujours l’arrivée d’un inspecteur ou d’un directeur de district. Ils semblent avoir une sorte de « flair » pour ce genre de chose.

Par exemple, lorsque j’ai rencontré les hommes de mon équipage, je leur ai demandé comment les hommes de tel poste se débrouillaient et un Indien m’a répondu que tout allait bien et qu’ils étaient fort occupés à tout nettoyer avant mon arrivée!

John Moar, le directeur du poste de Little Grand Rapids, est né et a été élevé ici, car son père a été en charge du poste pendant de nombreuses années.

Après avoir passé quelques jours à son poste, nous reprenons le sentier, chargés de poisson pour les chiens et de fournitures diverses, et après quatre jours de voyage dans une neige profonde qui n’avait pas été foulée depuis des semaines, nous arrivons à Deer Lake.

Legend : Le poste de Deer Lake (Ont.), intérieur du district Keewatin.

À ce poste, nous rencontrons des Indiens Crane dont les besoins tout au long de l’année sont comblés par le directeur A. Mackintosh et ses hommes.

Nous passons une ou deux journées à ce poste et nous préparons à reprendre ce sentier fort difficile. Les chiens, qui ont parcouru jusqu’à présent 650 milles, montrent des signes de fatigue, mais ils leur reste encore 650 milles à couvrir avant de regagner Norway House. Les hommes ronchonnent également quand ils pensent à la distance qu’il leur reste à parcourir.

Les hommes courent aux côtés du traîneau pendant presque tout le trajet, au cas où les chiens ne pourraient sortir le traîneau et les marchandises d’une embardée. Cependant, nous repartons, en mentionnant que nous serons de retour l’été prochain.

Notre voyage de retour à Little Grand Rapids est bien plus inconfortable et plus difficile que le voyage d’aller en raison des importantes chutes de neige qui font en sorte qu’il est impossible de suivre les sentiers sur les rivières et les lacs.

Les sentiers dans le bois dans cette région ne sont pas bien tracés. Malgré que je voyage avec les meilleurs guides des environs, nous nous égarons et prenons plusieurs heures à retrouver le sentier.

Immédiatement après avoir quitté le poste de Little Grand Rapids, un blizzard ralentit considérablement notre élan. Cependant, nous continuons notre voyage et arrivons à la rivière Berens après avoir enduré quatre des journées et des nuits les plus froides de l’hiver. Les visages des hommes montrent des marques d’engelures et les chiens sont épuisés, en fait deux sont morts.

À la rivière Berens, les hommes et les chiens se reposent pour la journée. Nous repartons ensuite pour la dernière partie du trajet, 125 milles sur le lac Winnipeg, jusqu’à Riverton. Nous avons dû traverser une épaisse couche de neige et les journées ont été difficiles, mais le tout s’est passé sans incident.


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