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Le commerce de la fourrure a influencé le développement historique du Canada de nombreuses façons, notons le développement de l'Ouest et du Nord, l'importance des noms de lieux canadiens, l'origine et la montée de la nation métisse, l'incidence de l'interaction entre les Premières nations et les Européens. Ces relations ont influencé l'histoire des gens et des événements qui ont marqué le marqué le commerce de la fourrure.


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Author: K.E. Pincott
Title: What Churchill Owes to a Woman
Publisher: The Beaver / Canada's National History Society
Year Published: September 1932
Location: The Beaver Index - September 1932, p.100-03
Copyright Holder: The Beaver / Canada's National History Society
  B12 - Ce que Churchill doit à une femme

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Par K.E. Pincott
Archives de la Compagnie de la Baie d’Hudson, Londres, Angleterre

Le 24 novembre 1714, une femme esclave arriva à York Factory. Elle raconta qu’elle faisait partie d’une tribu d’Indiens du Nord, qu’elle avait été faite prisonnière par une tribu ennemie, et qu’elle et une autre esclave avaient réussi à s’échapper, avec l’intention de retourner dans leur tribu.

Comme l’hiver arrivait et qu’elles manquaient de nourriture, elles ne purent atteindre leur objectif. Elle affirma qu’elle survivait avec ce qu’elle trouvait dans les collets et dans les bois, et que pour ces raisons, elle dut se séparer de sa consoeur.

À cette époque, le gouverneur James Knight souhaitait ardemment envoyer une expédition d’Indiens de sa région à la rencontre des tribus du Nord afin de les convaincre de ramener leurs prises à York pour les vendre. Il comprit rapidement que cette esclave pourrait s’avérer fort utile comme guide et interprète.

Il la questionna sur sa région, et trouva ses réponses très prometteuses. Elle lui mentionna que non seulement les fourrures étaient abondantes et de bonne qualité, mais que sa région était riche en métaux.

En juin 1715, les plans du gouverneur prirent forme, comme le témoigne cette entrée de son journal :

… Aujourd’hui, j’ai organisé un festin pour les Indiens pour savoir combien d’entre eux étaient prêts à faire la paix avec les Indiens du Nord. J’en trouvai 12 ou 14 qui étaient intéressés à réaliser mon plan, et je leur promis des présents, notamment de la poudre, des plombs et du tabac, ainsi que d’autres articles utiles. Je leur mentionnai également qu’un Anglais et une esclave indienne les accompagneraient….

Suffisamment d’Indiens se portèrent volontaires et le 27 juin, l’expédition se mit en branle sous le commandement de William Stewart, accompagné de l’esclave indienne comme guide.

Ils firent également provision d’articles à échanger et de présents pour les Indiens du Nord. Dans les ordres officiels donnés à William Stewart par le gouverneur Knight, la clause suivante fut ajoutée :

Je vous ordonne de vous assurer qu’aucun Indien n’abuse ou ne violente l’esclave indienne qui vous accompagne, ou ne lui prenne les biens qui doivent être offerts aux gens de son pays. Vous devez également veiller à ce qu’elle explique à ces gens que nous avons l’intention d’établir un fort à la rivière Churchill l’automne prochain et que nous ferons le commerce avec eux, notamment des peaux de castor, de martre, de renard, de queequibatch, de loup, d’ours, de loutre, de chat sauvage, d’orignal et de bison, ainsi que du métal jaune…

On n’eut plus de nouvelles de l’expédition avant le printemps suivant (avril 1716), alors que trois Indiens du groupe arrivèrent au fort et racontèrent que les membres de l’expédition souffraient du manque de nourriture. Le gouverneur décrit leur arrivée dans son journal :

… Selon ce que je comprends du récit qui m’a été fait, ils se trouvent environ à la latitude 62 et ont dû tuer et manger trois chiens pour calmer leur faim. Ils se divisèrent en 4 ou 5 groupes et affrontèrent de telles difficultés en raison du manque de provisions que seuls deux paquets leur restèrent.

Le capitaine avec dix hommes, William Stewart et l’esclave résolurent de s’acquitter de leur tâche, soit de rencontrer les Indiens et de faire la paix avec eux. Un autre groupe de huit hommes fut envoyé par un autre chemin afin d’accomplir la même mission, mais les Indiens qui viennent d’arriver me disent que tous les autres sont morts de faim. William Stewart était très bien lorsqu’ils le quittèrent, soit vers la fin de novembre ou au début de décembre…

Ce constat fut confirmé quelques jours plus tard, lorsque d’autres Indiens de l’expédition arrivèrent :

… Ils ne purent se rendre à bon port en raison du manque de provisions et de la maladie qui s’abattit sur eux. Le temps fut extrêmement rigoureux à l’arrivée aux Barren Mountains, avec des vents et de fortes averses de neige.

Ils manquaient également de feu, et auraient sans doute préféré périr, et furent tant affamés qu’ils durent manger la mousse qui pousse sur les roches, n’ayant rien d’autre pour se nourrir. C’est alors que le capitaine leur demanda de se séparer afin de demeurer en vie et de retourner à leur point de départ, mais il était résolu à poursuivre sa route.

Les Indiens croient que plusieurs d’entre eux sont morts, car ils arrivèrent à deux endroits où ils trouvèrent les restes de chiens qui avaient été tués et sans doute mangés. Ils semblaient en être à la dernière extrémité…

Ces Indiens estimèrent que le groupe avait parcouru au moins six cent milles depuis York Factory.

Au grand bonheur du gouverneur, et de tous les employés de York Factory, le 7 mai 1716, William Stewart et son groupe arrivèrent à York, accompagnés de dix des Indiens du Nord. Le gouverneur rend ainsi hommage aux membres de l’expédition :

… Ils sont sans doute les hommes les plus habiles du pays, car ils ont conclu leurs affaires sans effusion de sang, ils ont fait face aux pires difficultés pour y parvenir et ont énormément souffert de la faim, du froid et d’une grande fatigue liée à un voyage éprouvant.

La femme indienne qui les accompagnait fut fort importante pour conclure leur mission. Lorsqu’ils arrivèrent avec les Indiens, ils suivirent des traces qui les menèrent à une tente où étaient demeurés certains des Indiens qui avaient été tués. Ils en trouvèrent neuf gisant sur le sol de la tente, mais certains avaient réussi à s’échapper et cela surprit le capitaine et William Stewart.

Ils croyaient que toute leur fatigue et leurs difficultés n’avaient servi à rien et pensèrent à faire demi-tour pour leur propre sécurité. C’est la femme indienne et William Stewart qui les persuadèrent de continuer. La femme leur dit de rester au même endroit et qu’elle suivrait les traces que les Indiens avaient faites en se sauvant. Elle leur demanda de rester 10 jours à cet endroit.

Si elle ne les retrouvait pas à temps ou ne revenait pas, ils pourraient alors revenir au fort. William Stewart eut beaucoup à faire pour convaincre les Indiens de ne pas faire marche arrière…. Le 10e jour, alors qu’ils avaient décidé de partir, la femme indienne arriva et leur indiqua qu’elle avait trouvé des Indiens….

Elle affirma qu’elle avait trouvé plus de 400 Indiens du Nord, et qu’elle avait réussi à en convaincre 160 de l’accompagner :

… Mais la femme était si persistante auprès de ses compatriotes du Nord qu’elle les convainquit de l’accompagner; à force de leur parler sans arrêt, elle avait presque perdu la voix…

La mission fut réussie, et les Indiens du Nord promirent qu’ils chasseraient pour la Compagnie et rapporteraient les peaux à York Factory pour les vendre. La joie du gouverneur Knight transparaît dans l’entrée suivante :

… Grâce à ce succès, je crois que notre compagnie pourrait devenir fort riche d’ici quelques années, et si Dieu me donne la vie et la santé pour poursuivre mon plan, je m’assurerai d’enrichir la Compagnie, mais cela prendra du temps, car nos étés sont courts et les hivers longs et rigoureux…

En ce qui a trait à la femme indienne, le gouverneur Knight écrit ce que William Stewart lui a raconté :

… Il n’a jamais vu une telle femme dans sa vie. Elle subjuguait tous les Indiens et ne se privait jamais de leur dire à quel point ils s’étaient montrés lâches en tuant les hommes de son pays. Il croyait même que les Indiens l’auraient tuée s’il ne leur avait pas donné l’ordre de ne pas la violenter.

Lorsqu’elle se présenta devant eux avec les hommes de son pays, elle les tint dans la peur, elle en fustigea certains et les obligea à faire la paix. En effet, elle avait un esprit diabolique et je crois que si seulement 50 des hommes de son pays étaient comme elle, ils pourraient expulser tous les Indiens du Nord de l’Amérique hors de leur pays. Ses compatriotes osent à peine lui parler et elle ne se prive pas de reprocher à nos Indiens qu’ils ont tué neuf des siens même après avoir fumé le calumet de paix…

Suite à tous ces comptes rendus sur le Nord, le gouverneur Knight est convaincu de la nécessité d’établir Churchill, tel qu’on peut le lire dans l’extrait suivant :

… Espérons que le parcours ne soit pas si difficile, et je prie Dieu de sauver ma vie et de me donner la santé pour trouver une façon d’y parvenir, par la route ou en bateau, puisqu’ils se trouvent sur le côté ouest.

Je suis prêt à passer l’hiver à la rivière Churchill, même si je sais à quel point il sera difficile de séjourner dans ce pays nordique où il fait excessivement froid et où les journées sont si courtes… Mais je suis convaincu que dans 3 ou 4 ans, tout le reste des activités commerciales de la Compagnie ne sera rien devant ce que nous accomplirons dans cette région du Nord…

Le gouverneur James Knight continua à préparer l’établissement de Churchill, mais les retards du bateau venant d’Angleterre furent une cause de grande inquiétude pour lui de 1715 à 1716, car il craignait qu’un grand nombre d’Indiens du Nord n’arrive à York Factory pour y vendre leurs peaux.

Ayant très peu de marchandises et de provisions à leur offrir, ils pourraient alors croire avoir été trompés par William Stewart; il savait fort bien qu’une telle constatation pourrait se révéler un véritable désastre pour la petite colonie européenne de York. Il voulait envoyer la femme indienne à la rivière Churchill, au printemps, et lui faire porter un message pour les Indiens s’y trouvant, mais son plan ne put se réaliser car elle tomba gravement malade en janvier et mourut le 5 février, date à laquelle on peut lire l’entrée suivante dans son journal :

… Ce matin, l’esclave indienne est décédée après une maladie de sept semaines. Sa perte sera fort préjudiciable aux intérêts de la Compagnie : elle devait partir vers la mi avril avec ses compatriotes et deux Anglais et se rendre à la rivière Churchill.

Les deux Anglais et l’esclave devaient y rester jusqu’à mon arrivée et elle devait aller à la rencontre des hommes de son pays et leur dire que je voulais construire un poste à la rivière Churchill et faire du commerce avec eux. Pour confirmer cette intention, elle devait également leur dire que deux Anglais et un homme de leur pays attendaient mon arrivée en bateau, après la fonte des glaces…

Elle me dit qu’elle m’aiderait à faire du commerce avec les Indiens de la rivière Churchill et je lui mentionnai qu’elle n’aurait pas de répit tant qu’elle n’aurait pas accompli cette mission, c’est-à-dire se rendre dans toutes les nations qui s’y trouvent et expliquer aux Indiens les biens que nous recherchons et les saisons où ils peuvent redescendre avec leurs fourrures et les façons dont ils doivent les préparer.

Je lui ai dit que je ferais de son frère un capitaine, et que ce dernier devrait rencontrer les Indiens qui avaient le métal jaune. Elle devrait l’accompagner pour s’assurer qu’il faisait bien son travail. Deux ans auparavant, elle était allée faire la paix et avait vu des Indiens avec des cerceaux sur la tête et des bracelets de métal jaune.

Ils ne se comprenaient pas lorsqu’ils se parlaient et se faisaient donc des signes. Ils étaient devenus bons amis lorsqu’ils se séparèrent et prirent part à une grande fête. Elle m’a dit qu’elle ne pourrait faire tout cela avant deux ans et demi, mais qu’elle enverrait tous les Indiens le plus tôt possible pour faire le commerce.

Il y avait 11 grandes nations qui étaient leurs amis et qui parlaient la même langue et 5 autres nations qui étaient presque des amis et ne parlaient pas la même langue, mais ils se mariaient tout de même entre eux… Elle était la femme la plus forte d’esprit et la plus déterminée qu’il m’ait été donné de rencontrer, elle était également fort courageuse.

Elle était également d’une grande vivacité et comprenait tout ce que l’on attendait d’elle, en plus de donner son opinion sur ce qui était possible ou non. Je suis convaincu que sa mort fut une grande perte pour la Compagnie car elle est restée avec nous pendant deux ans et il ne lui restait qu’un an avant de réussir à faire la paix.

Comme elle était le principal personnage de cette mission, elle inspirait le respect et avait une grande influence sur les Indiens qu’elle connaissait au demeurant fort bien… Je suis fort préoccupé par sa mort et par les autres, qui sont gravement malades, et j’ai le cœur brisé à penser à la déception que serait la perte d’une telle occasion qui contribuerait à enrichir la Compagnie…

C’est la plus belle journée que nous ayons eue depuis le début de la saison, mais j’ai le cœur triste lorsque je pense à sa mort…


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