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Le commerce de la fourrure a influencé le développement historique du Canada de nombreuses façons, notons le développement de l'Ouest et du Nord, l'importance des noms de lieux canadiens, l'origine et la montée de la nation métisse, l'incidence de l'interaction entre les Premières nations et les Européens. Ces relations ont influencé l'histoire des gens et des événements qui ont marqué le marqué le commerce de la fourrure.
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Marie Gaboury était la femme de J. Baptiste Lajimoniere, un des plus fameux éclaireurs de la Compagnie de la baie d’Hudson, en 1808. J. Baptiste s’était rendu à Québec l’année précédente et, alors qu’il se trouvait dans la paroisse de Trois-Rivières, il captura le cœur de Marie, qui l’épousa et le suivit dans l’Ouest. L’année suivante, le premier enfant blanc de l’Ouest était né, et le couple l’a appelé Reine. Pour les Indiens, Mme Lajimoniere était presque une déesse, la première femme blanche qu’ils avaient jamais vue. Ils la servaient avec assiduité, caressaient sa peau douce et ses cheveux et la couvraient de cadeaux.
Il semblerait que M. Lajimoniere ait quitté l’emploi de la CBH pour se joindre à la compagnie rivale, la Compagnie du Nord-Ouest, qui planifiait une expédition en amont de la rivière Saskatchewan. La brigade était en charge de Henry, qui avait organisé une expédition de 50 hommes à Pembina, à laquelle s’étaient joints de nombreux négociants autonomes. Il avait l’intention de bâtir un fort à Edmonton, pour faire concurrence à la Compagnie de la baie d’Hudson, qui y était établie depuis 1796. M. Lajimoniere et sa jeune épouse firent rapidement connaissance avec les périls de cette aventure. On entendit parler de la femme blanche et de son enfant avant que les négociants n’arrivent, et à chaque halte, les Indiens s’assemblaient pour la voir.
M. Lajimoniere crut bon de la protéger en faisant courir le mot que cette femme blanche avait le pouvoir de jeter des sorts. Si les gens lui causaient du tort, elle pouvait provoquer leur mort en leur lançant un seul coup d’œil. Cette ruse se révéla fort efficace jusqu’à ce qu’ils atteignent Fort Edmonton. Il s’agissait d’un lieu dangereux, le centre d’une guerre tribale féroce entre les Pieds-Noirs et les Cris. Des bandes de maraudeurs se tenaient toujours en alerte afin de surprendre les négociants en plein sommeil. Le danger était si grand à ce moment que la Compagnie de la baie d’Hudson et la Compagnie du Nord-Ouest convinrent de relier les palissades de leurs forts afin de garantir leur protection mutuelle. Les énormes portails laissaient ainsi passer les Blancs d’un endroit à un autre sans qu’ils s’exposent aux Indiens hostiles. Des bastions de mousquets et de canons protégeaient les entrées, et la vallée de la Saskatchewan résonna souvent du grondement des canons et des fusils chargés tant par les hommes de la CBH que de la CNO.
C’est donc à ce moment-là, en 1808, que s’installa Marie avec son enfant, à Edmonton, pendant quatre ans. On raconte de nombreuses histoires sur Marie Gaboury, sur ses aventures et sur la façon dont elle réussit à échapper aux Indiens et à se sauver in extremis d’une horde de bisons qui menaçaient de la piétiner. On pourrait parler longtemps des difficultés que cette femme a surmontées, et que toute femme moderne aurait peine à imaginer.
Nous sommes encore trop près de ces événements de la vie de l’Ouest pour comprendre vraiment ce que vivaient les premiers colons. Dans cent ans, les femmes comme Marie Lajimoniere seront considérées comme les Boadicea ou les Jeanne d’Arc du Nouveau-Monde.
Je m’assieds souvent pour rêver sur les rives de la Saskatchewan, à l’endroit même où se tenait le Fort Edmonton, sentinelle protégeant des milliers de kilomètres carrés de nature sauvage, ce poste éloigné de l’entreprise britannique. Souvent, je m’imagine les guerres avec les Peaux-Rouges, les conflits entre négociants concurrents, les difficultés éprouvées et la solitude des longues nuits d’hiver passées dans la petite garnison du vieux Fort Edmonton, pendant 200 ans coupé de toute civilisation par des milliers de kilomètres de prairies, de forêts et de marécages.
Aujourd’hui, à un jet de pierre du site historique du fort s’élève la structure majestueuse du Parlement provincial, un lieu rendant hommage à la gloire du passé. Cette nature sauvage a été transformée en un réseau de chemin de fer, en champs cultivés, en villes et en villages. L’ancien Fort Edmonton a basculé à jamais dans notre histoire, une histoire passée, mais jamais oubliée.
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