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Vie quotidienne et difficultés des divers groupes participant au commerce de la fourrure.


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Author: Letitia Hargrave
Title: The Letters of Letitia Hargrave
Publisher: The Champlain Society, Toronto
Year Published: 1947
Copyright Holder: Image courtesy of The Champlain Society
  -9- Letitia Hargrave : Naissance et décès de William

Letitia Hargrave, née MacTavish (1813-1854), était la fille du shérif Dugald MacTavish et de Letitia Lockhart. En 1840, elle épouse James Hargrave, négociant en chef pour la CBH, et quitte l’Écosse pour York Factory.

Les lettres que Letitia écrit à sa famille et ses amis nous proposent des observations sur la vie qui diffèrent de ce que l’on trouve dans les journaux de poste de cette époque, écrits par des hommes.

Sa correspondance est également reconnue pour son importance, puisqu’il s’agit d’une des premières écrites par une femme pionnière de l’ouest du Canada, dans l’univers du commerce de la fourrure. Dans ses lettres, on peut la voir se transformer d’une jeune fille naïve et souffrant du mal de mer à une observatrice aguerrie et sagace de la vie de commerçant de fourrure.

1er avril 1843. Cette lettre à sa mère décrit la naissance et la mort de son second fils, William, en décembre 1842. P.136-137, 1er paragraphe : « When I closed… poor Mama. »


« Lorsque j’ai terminé ma lettre le 9 décembre, même si j’étais anxieuse et mal à l’aise, je ne soupçonnais pas la douleur qui m’accable alors que je vous écris à nouveau. James a écrit à papa au moment où mon pauvre bébé est né, soit à 2 h le 10, et il est décédé le 27. Je vais essayer de vous raconter sa triste histoire.

Même si j’y pense constamment, je ne serai jamais capable d’écrire de façon composée. J’ai commencé à me sentir mal vers 12 h, mais les douleurs ont commencé à être plus régulières vers 8 h le matin et jusqu’à 12 h, elles n’étaient pas pires que ce à quoi je m’attendais. Ensuite, les douleurs furent intenses et presque continues jusqu’à ce que l’enfant naisse, et j’ai aussi constaté que les médecins semblaient avoir éprouvé quelques difficultés.

Le retard semble avoir été causé par le fait que le cordon était enroulé autour de son cou, et lorsque j’ai regardé, le médecin s’affairait au-dessus du bébé et ce dernier était bleu et ne respirait pas. Quand j’ai vu sa petite poitrine se soulever, je crois n’avoir jamais ressenti une joie aussi intense qu’à ce moment précis. Son souffle était fort et solide, bien plus que celui de Joseph.

Mes difficultés ont alors commencé : mes seins étaient si irrités que j’en ai fait une poussée de fièvre. J’ai dû recourir à une nourrice pour quelque temps, car il buvait si souvent que je ne pouvais me soigner adéquatement. La nourrice avait elle-même un bébé fort en santé qu’elle laissa avec sa sœur. J’étais très nerveuse, mais on m’a assuré qu’il n’y avait aucun danger. Après le second jour, j’ai pu le nourrir moi-même, mais comme j’avais été malade, je manquais de lait et décidai de garder la nourrice.

Il fut très malade le 24, car il cria toute la journée. Le médecin n’a pas constaté de problème, car son pouls était bon et il buvait comme à l’habitude. Le lendemain, il était mieux jusqu’au soir, où j’ai constaté que quelque chose n’allait pas du tout. Le médecin est venu et m’a dit qu’il s’agissait d’une hernie. Il a diminué la douleur et m’a réconfortée en disant que ce n’était pas dangereux pour un nourrisson. Il m’a dit peu de temps après qu’il semblait y avoir un peu d’inflammation et après une brève hésitation, il lui mit deux sangsues sur sa main, et resta pour suivre l’évolution toute la journée jusqu’à 5 h, où il m’expliqua que le pouls était plus régulier et sa respiration meilleure. Il me demanda de donner un peu à boire au bébé, et de l’appeler s’il y avait un changement, car il était fatigué de sa veille et voulait se reposer quelque peu.

Willie est entré et m’a assuré que son cri avait été si rapide qu’il devait nécessairement être sur la voie de la guérison, et il a ajouté que c’était un mal assez commun ici, que toute la famille Munroe était née avec une hernie et que les garçons s’en trouvaient maintenant très bien. Il m’a donc laissée avec James; j’étais rassurée et convaincue que le danger était écarté. Margaret alla coucher Joseph et ils s’endormirent ensemble. J’ai touché les mains du bébé qui me parurent assez froides vers 9 h et je me levai pour le réchauffer, lorsque peu après, il poussa un cri aigu qui réveilla Margaret. C’était la première fois qu’il criait en 8 heures et son cri était si étrange qu’elle courut chercher James et le médecin.

J’ai rapidement découvert qu’il n’y avait plus d’espoir. Ils me l’enlevèrent et je ne me souviens plus de rien, jusqu’à ce que Willie le porte hors de la chambre, je ne sais plus quand. J’ai demandé au médecin le lendemain si je l’avais envoyé chercher trop tard, mais il me répondit non, qu’il avait fait tout ce qu’il avait pu, et espérait, à la lumière de certains signes, notamment de ses intestins qui semblaient bien fonctionner, qu’il guérisse rapidement.

Mon pauvre James était effondré, mais il s’en remit rapidement. Pour ma part, je croyais ne jamais m’en remettre. La première chose qui me réveilla fut une douleur nerveuse, une sorte de tic douloureux. J’étais restée couchée pendant 36 heures sans bouger, presque sans respirer. Cette situation perdura pendant un mois et disparut graduellement.

Nous sommes tous en bonne santé depuis les six dernières semaines, Beppo grandit en beauté et en sagesse. Il connaît ses grandes lettres depuis la fin de janvier et récite avec enthousiasme les comptines qu’il a apprises. Il fut fort traumatisé et désemparé par la disparition de son petit frère. Il venait me voir à mon chevet, et le cherchait en disant « pas de bébé, pas de bébé, pauvre maman. »


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« Beppo » est le surnom que donne Letitia Hargrave son fils, Joseph James.